Direction le Cap Horn
Revenu à la septième place du Vendée Globe grâce à de belles performances ces derniers jours, Yannick Bestaven, à bord de Maître CoQ V, navigue désormais dans le Pacifique. Si un trio de tête s’est détaché après 39 jours de course, tout reste encore possible alors que la mi-course vient à peine d’être franchie.
Cap de Bonne Espérance : checked ! Cap Leeuwin : checked ! Bienvenue dans l’océan Pacifique, direction le cap Horn. Après bientôt 40 jours de course, Yannick Bestaven et Maître CoQ V poursuivent leur route dans l’océan Pacifique. « Je suis content d’être entré dans le Pacifique et d’avoir laissé l’océan Indien derrière moi. Comme il y a quatre ans, la mer y a vraiment été mauvaise et il fallait faire super attention à ne rien casser quand le bateau plantait dans les vagues. Ces derniers jours, j’ai pas mal bourriné en naviguant entre 25 et 30 nœuds de vent dans une mer qui a d’abord été plutôt bien rangée avant d’être à nouveau formée. Mais j’avais de bons réglages, je me suis bien amusé avec des bonnes moyennes. » Maître CoQ V a en effet totalisé 530,95 milles sur 24 heures (entre le 16 et le 17 décembre).
« J’ai passé mardi l’antiméridien (le méridien opposé au méridien de Greenwich), de l’autre côté de la terre. C’est agréable de voir des longitudes ouest s’afficher sur les écrans. Ça nous rapproche du cap Horn et des Sables. Ça a été assez engagé ces dernières 48 heures. J’ai mis du ‘’charbon’’ pour rester devant le front qui arrive derrière afin d’éviter des rafales à plus de 50 nœuds. J’ai finalement eu 38 nœuds de vent au maximum. J’ai pu naviguer J3 2 ris et avec un réglage de foils bien adapté. Ça bombardait bien ! J’hallucine d’ailleurs sur la capacité de nos IMOCA à se déplacer aussi vite. Je suis content, j’ai réussi à prendre quelques milles à ceux de derrière et je me suis rapproché de ceux de devant, même s’ils vont vite. Côté ambiance, je suis enfermé dans Maître CoQ V. On n’y voit rien, il y a de la buée et il commence à faire frais. L’eau est à 6°, comme la température dans le bateau. On est loin des caraïbes… mais tout va bien. La première moitié du Pacifique devrait aller assez vite. Mes routages m’amènent au cap Horn d’ici une dizaine de jours. »
Yannick est revenu à la septième place après avoir pointé pendant plusieurs jours au neuvième rang, et reste à environ 160 milles de la quatrième place. « La course est très intense depuis le départ, poursuit Yannick. Elle en est d’autant plus intéressante. Je suis content de ma position. Mais il faut rester pied au plancher pour s’y maintenir. Il faut aussi être très vigilant car la moindre petite erreur stratégique peut vous faire décrocher du wagon. Il faut aussi faire attention au bateau et éviter d’avoir à s’arrêter ou ralentir pour devoir réparer quelque chose. À chaque fois que j’y ai été contraint, j’ai perdu 50 milles. Et vu la lutte que l’on se livre, ce n’est jamais bon de laisser les autres partir. Pour l’instant je prends beaucoup de plaisir. J’adore réfléchir à la stratégie, tenter de trouver la bonne route pour grappiller milles après milles. Nous sommes encore très loin de l’arrivée et il peut se passer beaucoup de choses. » Les routages prévoient un passage du cap Horn entre le 26 et le 27 décembre.
Le zoom de la semaine : L’anti-méridien ou 180e méridien. Il s’agit du méridien opposé au méridien de Greenwich (longitude 0 qui permet de donner l’heure universelle). Lorsque l’on part du méridien 0 en allant vers l’Est, on ajoute une heure, et quand on part vers l’Ouest on retire une heure. Ce qui fait qu’au bout de 12h de chaque côté, on se retrouve sur l’antiméridien. Il traverse du Nord au Sud, la Russie, les Etats-Unis dans l’archipel des Iles Aléoutiennes, Fidji, la Nouvelle-Zéland et l’Antarctique. Ce changement de méridien a fait vivre une drôle d’expérience à Yannick, en vivant deux mardis ! Le mardi 17 décembre il avait 12h de plus que nous en France, mais en passant le 180e méridien, il a fait face à un décalage horaire de 12h de moins. Ainsi que nous sommes passés au 18 décembre en France, il était à nouveau au 17 décembre !
Suivez la course de Yannick grâce à la cartographie, juste ici : https://www.maitrecoq.fr/lesprit-voile/les-courses/cartographie-du-vendee-globe/