Élevage de poulets intensif : chassons les idées fausses
Environ 80% des volailles de chair grandissent dans des élevages qualifiés “d’intensifs”… Mais que se cache-t-il vraiment derrière ces élevages qui cristallisent beaucoup de préjugés ? Voici un article pour mieux comprendre l’élevage de poulets intensif.
Les Français consomment environ 28 kilos de volailles par an et près de 20% sont sous signe officiel de qualité ou d’origine (Label Rouge, label AB, IGP, AOP) ou issu d’élevages certifiés sortant à l’extérieur. Une part croissante de poulets sont élevés en France pour répondre à des cahiers des charges qui vont au-delà de la réglementation, en matière d’espace disponible pour les animaux, de qualité de l’alimentation, ou bien encore d’aménagements des poulaillers avec lumière naturelle, perchoirs, substrats à picorer… Se développe également l’élevage de poulets répondant aux critères de l’European Chicken Commitment.
Apparu dans notre pays au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale pour répondre à la pénurie, et à une demande très nettement supérieure à l’offre, l’élevage conventionnel est pratiqué dans le respect de règles strictes pour proposer des poulets français accessibles et de qualité.
Des impacts environnementaux maîtrisés
Tout au long des années soixante, lors de la “Révolution verte” qui voit augmenter fortement la productivité des cultures partout en Europe, les filières d’élevage se mettent à appliquer des méthodes rationalisant la production de viandes, volailles, lait et œufs. On commence à élever les volailles dans de grands poulaillers, avec une alimentation étudiée, ce qui permet de produire des quantités plus importantes avec un coût de revient plus faible, et donc de démocratiser l’accès à la viande.
Ces exploitations agricoles sont toutes soumises à autorisations préfectorales, qui imposent à l’exploitant des prescriptions techniques visant à limiter les impacts environnementaux et sanitaires.
Un outil de démocratisation
Aujourd’hui, si plus de 80% des poulets sont issus d’élevages conventionnels, dits « intensifs », c’est d’abord parce que plus de 70% des consommateurs veulent des poulets conventionnels !
Ce sont ces poulets qui permettent aux Français de pouvoir accéder à une source de protéines saine, sûre, de bonne qualité nutritionnelle, produites dans le respect des exigeantes réglementations européennes. Pourtant, le poulet dit « industriel » a mauvaise presse, et certains Français le désapprouvent.
Cependant, comme le souligne le ministère de l’Agriculture dans un rapport remis au Sénat, ils continuent majoritairement d’en acheter ! Ce qui prouve que ce mode d’élevage répond à un vrai besoin. « La filière française est confrontée à une demande de prix bas sur la viande de poulet, impliquant une production à faible coût », souligne le ministère dans une note publiée dans le Journal Officiel Sénat du 26/03/2020.
En maintenant l’élevage de poulets intensif, la France peut aussi limiter les importations massives de volaille, pour tenter de préserver son autonomie alimentaire, très attaquée dans le secteur de la restauration hors domicile : ce secteur importe actuellement 90% du poulet de chair utilisé, du fait d’un déficit de compétitivité ! Autrement dit, quand le poulet coûte trop cher en France…on l’importe d’autres pays qui le produisent de façon plus intensive, dans des conditions différentes de la France.
La “batterie”, un mythe qui perdure !
L’élevage “en batterie” pour les poulets de chair français, cela n’existe pas : ils sont tous élevés au sol dans des poulaillers.
Les normes européennes se doublent en France des critères d’exigence retenus par l’interprofession volaille de chair, qui a été créée début 2018 pour atteindre les objectifs de son Pacte Ambition 2025. Elle s’est donnée pour but de reprendre des parts de marché tout en améliorant la qualité des produits et le bien-être animal. Dans ces élevages dit « intensifs », les volailles sont élevées dans des poulailler sans accès extérieur, mais cela ne signifie pas qu’elles sont entassées sans précaution dans des cages. Les volailles peuvent en effet se déplacer comme elles le souhaitent dans les poulaillers, bien chauffés, éclairés, ventilés. Elles se nourrissent et boivent selon leurs besoins : les aliments et l’eau sont laissés à libre disposition, conformément à la règlementation en vigueur.
Le poulet aux hormones, ça n’existe pas !
A l’encontre d’une autre idée fausse, qui voudrait que les poulets élevés sans accès extérieur soient mal nourris, voire aient une alimentation complétée par des hormones de croissance. C’est faux. Tous ont une alimentation constituée principalement de céréales (blé, maïs…), vitamines et minéraux. L’alimentation est élaborée par des nutritionnistes, en fonction de l’âge et des besoins de chaque volaille.
Certaines marques ont des critères d’exigence supplémentaires : les éleveurs partenaires de Maître CoQ, par exemple, nourrissent leurs animaux avec des céréales entières 100% françaises, et mélangées à des oléo-protéagineux (colza, tournesol, pois, soja…) des vitamines et minéraux. Certains éleveurs de volailles Maître CoQ s’engagent également à suivre la charte élaborée par l’association Bleu Blanc Cœur. L’alimentation de ces volailles est supplémentée en graines de lin : le poulet qui en mange assimile les Omega3, bénéfiques pour la santé des consommateurs. C’est le cas de la gamme poulet nourri aux graines de lin.
Quant aux médicaments, conformément à la règlementation en vigueur, même en élevage de poulets intensif, c’est d’abord la prévention qui est privilégiée : nombre d’éleveurs cherchent à garder leurs volailles en bonne santé grâce à une alimentation adaptée, l’apport de vitamines, l’apport de de produits naturels tels que les extraits végétaux ou les pro-biotiques. Aucun éleveur ne peut de lui-même donner des antibiotiques à ses volailles : seuls les vétérinaires peuvent les prescrire, et ils sont utilisés après diagnostic, dans un cadre très réglementé. Utilisés comme traitement uniquement lorsque les poulets sont malades, ils sont une solution de dernier recours pour rétablir la santé et le bien-être. Grâce aux efforts réalisés par la filière française depuis la mise en place du plan Ecoantibio de lutte contre l’antibiorésistance en 2011, la baisse d’exposition aux antibiotiques est de 60,5 % en volaille (source ANSES 2021).
Un programme vaccinal, adapté à chaque espèce en prévention des principales maladies virales est également mis en œuvre…
Quant aux hormones de croissance et aux antibiotiques facteurs de croissance dans l’aliment, ils sont totalement interdits en Europe et donc en France !
Des contrôleurs qualité veillent au strict respect des cahiers des charges
Quelle que soit les modes d’élevage, l’abattage est maîtrisé et des contrôleurs qualité veillent au strict respect des cahiers des charges en élevage et à l’abattoir. Tous les éleveurs sont accompagnés par un technicien d’élevage spécialisé en volailles, et un vétérinaire référent, agréé par l’état, qui visite régulièrement leurs installations et établit chaque année un bilan sanitaire de l’élevage.
Malgré les idées préconçues, la qualité est au rendez-vous dans les élevages ; et si on ne peut que se féliciter de la progression de l’élevage extensif en France – première en Europe et même dans le monde pour son nombre d’élevages avec accès à des parcours extérieurs (près de 20% en France contre moins de 2% dans le reste du monde) – cela ne doit pas empêcher la co-existence avec l’élevage conventionnel français, qui préserve le large accès à tous à des sources de protéines animales saines, diversifiées et économiques, et qui préserve la souveraineté alimentaire de la France face aux poulets importés.